Comme je l’avais évoqué dans mon article sur la présentation de la classe coopérative, les 6e ont une heure de texte libre par semaine. C’est un peu plus compliqué que prévu car lors de la première quinzaine c’est moi qui les prends en charge et à la seconde, c’est la collègue de français. On verra rapidement comment tout ça peut s’articuler…
Le cadre et les outils
Première heure donc, je présente le principe:
« -Nous sommes ici pour écrire des textes. Mais ces textes sont un peu particuliers puisque c’est vous qui allez choisir les sujets. Vous allez pouvoir décider de quoi vous allez parler, de la longueur du texte, de la forme, des couleurs etc.
Ça peut donc être des histoires inventées, des choses que vous pensez, que vous avez vues, vécues, des poèmes, des présentations de personnes… Ce que vous voulez.-On peut écrire sur tout tout tout?
-Sur tout tout tout!
-Et on pourra faire un dessin?
-Bien sûr ça sera encore plus joli.
-On pourra avoir des feuilles blanches? Et il y a des feutres?
-etc.
Tout simplement.
Pour être terminé, un texte doit passer par les étapes suivantes:
- Écriture au brouillon
- Correction
- Écriture au propre
- Lecture à la classe
- Écriture à l’ordinateur
- Publication sur le blog
Les élèves ont un plan de travail (light) pour se repérer dans l’avancement des travaux (doc en lien): PDT_6e4_texte
Commencé le: | Corrigé le: | RecopiÉ | Lu | Tapé à l’ordinateur | |
---|---|---|---|---|---|
Texte n° ou Titre | ……………. | …………….. | …………. | …………… | ………….. |
Pour les élèves qui seraient en panne d’inspiration, une pochette d’images est disponible, et les élèves ont aussi à leur disposition le fonds du CDI. À tord ou à raison, j’essaie cependant de repousser au maximum ce type d’aides car la plupart finissent par trouver leur sujet seuls, et j’ai l’impression qu’il sont souvent plus personnels.
Les responsabilités du conseil ont été réutilisées et certaines ont été ajoutées:
- Président-e: rappels au calme et sur sa proposition, aide aux élèves qui le demandent (je ne suis pas certain que ce soit concluant; un système de tutorat serait peut-être préférable par la suite).
- Secrétaire: Inscrit les responsables de la séance sur un tableau
- Maître du temps: Prévient lorsqu’il faut passer à autre chose (la fin de la séance ou temps de lecture des textes)
- Responsable de l’appel
- Responsable de la distribution et/ou du ramassage de documents
Le choix des responsables est fait par le/la président-e mais cela pose pour l’instant beaucoup de problèmes (les déçus sont nombreux). Face à cela, il va falloir soit s’en charger au conseil (protocole à instituer), soit multiplier les responsabilités proposées.
Chaque élève a enfin deux fiches format A5 sur lesquelles il est écrit:
- Le bruit m’empêche de travailler
- J’ai besoin d’aide
Ces deux outils sont encore très imparfaitement exploités mais ils ont été immédiatement adoptés. L’un des objectifs de leur mise en place était la réduction du bruit (les « monsieur! monsieur! monsieur! » notamment). Cela propose également un moyen de communiquer au groupe ses difficultés dans le travail (cet indicateur permet au président de juger de la gêne ressentie selon le niveau sonore).
Ce système est encore à évaluer concrètement car il se peut que cela n’arrange pas la posture attentiste lorsque l’aide n’arrive pas de suite.
Mais ce problème, le vieux Célestin l’avait déjà résolu: « organisez le travail pas la discipline »!
Il va donc falloir réfléchir encore un peu!
Quelques démarrages
Élève N°1
Après quelques minutes, une élève se signale et m’explique qu’elle ne sait pas de quoi parler. Ça donne quelque chose comme ça:
« -Monsieur j’ai pas d’idées
-Tu n’as pas d’idées? Ça me surprend!
Tu as déjà pensé à un sujet?
-Non
-Tu pourrais nous parler de toi, de ce que tu aimes par exemple. Qu’est-ce que tu aimes toi?
-Je ne sais pas
-Tu pourrais nous présenter quelqu’un que tu apprécies, ou nous raconter tes vacances, parler de choses que tu as faites…
Ou alors nous dire comment tu te sens par exemple.
Comment tu te sens cette année?
-Mal
-Ah?
-Ben oui, je ne suis pas dans la classe de ma copine et du coup je n’aime pas être dans cette classe.
Et puis tous les profs ils disent qu’on ne travaille pas, qu’on est la pire classe!
-Mais c’est très bien comme sujet ça! Explique-nous tout ça, ce que tu en penses!
-Je veux bien mais je ne veux pas qu’il soit sur le blog de classe celui-là…
-C’est pas grave ça, on publiera le suivant peut-être.
-Ça va aller pour écrire?
-C’est bon. »
Quelques minutes plus tard, une première version est corrigée.
-Il est très bien ce texte! Et ce que disent les profs, qu’est-ce ça te fait ressentir?
Elle ajoute: « Ça me donne envie de ne plus venir au Collège ».
D’autres élèves ont demandé s’ils pouvaient faire « des formes » (idée proche du caligramme), certains sont partis sur un métier qu’ils aimeraient faire ou se projettent au Lycée, parlent de leur joueur préféré, s’identifient à des stars via une fiction située dans leur quartier et mettant en scène un nom connu, parlent d’activités à priori anodines mais qui semblent encore cacher leur dimension affective etc.
Pour conclure, le dispositif classe entière reste encore assez compliqué à gérer – notamment pour questionner les élèves individuellement et leur faire intégrer des éléments plus personnels – mais je devrais pouvoir compter rapidement sur le renfort d’une personne.
En ce qui concerne le niveau sonore, j’attends aussi énormément des temps de présentation et de publication. Les expériences précédentes m’ont fait découvrir des comportements et un respect jamais observé dans des situations de travail « dirigé ».